Créer un site internet

Les kystes ovariens du cochon d'Inde : une maladie de taille !

nac-atlanvet Par Le 23/03/2018

Dans Infos santé

Les kystes ovariens sont fréquents chez la femelle cochon d'Inde. Mais beaucoup de cas ne sont pas diagnostiqués! Quels sont les symptômes de cette maladie et comment la dépister? Comment savoir si votre cobaye n'est pas atteinte même si elle semble aller bien?

Kystes ovariens cochon d'Inde, NAC Atlan Vet

Les réponses par ici!

Les kystes ovariens du cochon d’Inde sont largement décrits dans la littérature vétérinaire. Selon les populations étudiées, la fréquence de la maladie varie de 66 à 75%1,2 allant même jusqu’à 100% dans certaines études3. Ils touchent des femelles âgées de 3 mois à 5 ans1,2,3 sans influence du passé reproducteur1,2,4,5. En revanche, des études montrent que le développement de la maladie est plus fréquent sur les individus plus vieux4,5,6. Il s’agit de la maladie du système reproducteur femelle la plus répandue dans cette espèce3.

 

LES KYSTES OVARIENS : QUI SONT-ILS !

La grande majorité des kystes ovariens du cochon d’Inde sont physiologiques et sont localisés dans l'ovaire4. Il existe aussi des kystes se développant à proximité mais en dehors de l'ovaire ou des kystes tumoraux de l'ovaire, mais ils sont très peu représentés.

Les principaux kystes retrouvés sont les kystes séreux2,4,5, ou non sécrétants. Bien que la raison de leur développement ne soit, à ce jour, pas élucidée, les hormones sexuelles (œstrogènes 4,5,6, testostérone5) semblent augmenter leur fréquence, malgré l’absence d’influence des gestations2,4,5, ou de la durée de la période d'ovulation1. Parmi de nombreuses hypothèses, celle de la présence de phyto-œstrogènes dans l’alimentation a été évoquée mais les recherches n’ont permis à ce jour de n’aboutir à aucune conclusion 4.

Les kystes folliculaires, ou kystes sécrétants1, sont moins représentés.1,2,4 La cause de leur développement serait une défaillance hormonale conduisant à l'absence d'ovulation du follicule mature, comme chez la vache. Au lieu de dégénérer ce dernier continue alors de grossir et de sécréter des hormones sexuelles. Chez la vache, des facteurs génétiques, le stress ou des défauts d’apport énergétique sont des facteurs favorisant leur installation.4

Les kystes peuvent toucher un ovaire ou les deux2. Leur taille varie entre 0,5 et 7 cm 1,2,4 et des études ont montré une tendance à avoir des kystes de plus grande taille chez les individus plus âgés5,6. Un lien entre la présence des kystes ovariens et la présence de certaines maladies utérines (léiomyome, endométriose, hyperplasie kystique de l’endomètre…) est largement suggéré dans la littérature 1,2,3,4,7 sans que la causalité ne soit clairement établie.

 

LES KYSTES OVARIENS : QUE PROVOQUENT-ILS ?

Les symptômes associés à la présence de kystes sont variables en fonction de la taille, de la nature et de la distribution du ou des kystes. 4 La sécrétion de stéroïdes sexuels ou non influence les signes observés. Les kystes séreux sont plutôt à l’origine de symptômes généraux (abttement, baisse d'appétit ou anorexie, perte ou prise de poids) 1,3,4, de symptômes gastro­-intestinaux (distension et douleurs abdominales, ralentissement de transit) 1,3,4,6,7 ou respiratoires (augmentation de la fréquence respiratoire)6, liés à la gêne occasionnée par la présence des kystes dans l’abdomen. Quant aux kystes folliculaires ou sécrétants, les signes d’appel sont d’abord liés à un la sécrétion accrue d'oestrogènes, comme une perte de poils symétrique démarrant sur les flancs1,3 (moins de 5% des cas de kystes 6 à plus de 60% 4 en fonction des études). Des symptômes concernant l’appareil reproducteur sont aussi rapportés : pertes vulvaires 2,7, baisse de la fertilité 2,4, épaississement de la peau au niveau des mamelles 2,4, hypertrophie du clitoris4, comportement reproducteur exacerbé avec chevauchements et vocalisations possibles 2. Ces symptômes ne sont en général pas observés dans les cas de kystes séreux4. A l’examen clinique il est également possible de sentir une ou plusieurs masses à la palpation abdominale.4 Il est également fréquent qu'il  n'y ait aucun symptome associé à la présence des kystes et que leur diagnostic soit établi par hasard.2

 

LES KYSTES OVARIENS : COMMENT LES TROUVENT-ON ?

L’examen complémentaire de choix est l’échographie abdominale1,3. Les dosages hormonaux sont peu intéressant en pratique en raison de la fréquence plus importante des kystes non sécrétants.4

Photo 1a

Echographie d'un ovaire de cochon d'Inde (entre les 4 croix) faisant 3,3 cm x 2,2 cm, contre 0,8 cm x 0,5 cm maximum normalement (@Service d'imagerie ONIRIS)

 

LES KYSTES OVARIENS : COMMENT Y REMÉDIENT-ON ?

Le traitement de choix est la stérilisation avec retrait des ovaires et de l'utérus1,2,3,4,5,6, notamment en raison de la présence conjointe fréquente d’une affection de l'utérus2,4. La chirurgie peut être dans certains cas compliquée par la taille des kystes1 rendant difficile l’extériorisation des ovaires. Le risque anesthésique est également à prendre en compte.6

Kystes ovarien de cobaye, NAC Atlan Vet

Les kystes ovariens (masse en haut et en bas de l'image) et l'utérus retirés lors de la stérilisation chirurgicale

L’aspiration des kystes à travers la peau2,3,4,5,6, à l’aveugle ou échoguidée, est également décrite mais cette méthode ne permet de réduire leur taille que provisoirement1. Le temps de recollection varie de quelques jours à quelques semaines.2,3,4 La ponction peut aussi être utilisée en vue de réduire la taille des kystes avant de procéder à la stérilisation chirurgicale.4 La rupture du kyste 3,4 au moment de la ponction est possible et peut, en théorie, provoquer une péritonite 4 due à l’épanchement du liquide kystique dans l’abdomen. Cependant, cette dernière complication n’a jamais été rapportée dans la littérature.4

Des traitements hormonaux ont également été testés, avec une efficacité variable et dépendante de la nature des kystes (ne marche pas sur les kystes séreux). L'implant de desloréline, utilisée notamment pour la stérilisation chimique du furet, a été testé pour le traitement des kystes ovariens des cochons d’Inde. Il n'a montré aucune efficacité mais la nature des kystes des femelles malades n'était pas connue.7

 

LES KYSTES OVARIENS : QUEL PRONOSTIC ?

Le pronostic des kystes ovariens, en l’absence de processus tumoral, est bon avec le traitement chirurgical mais inconnu pour le traitement hormonal.4 La prévention des kystes ovariens, passe nécessairement par l'ablation des ovaires et de l'utérus le plus tôt possible dans la vie de l’animal6, le risque anesthésique et chirurgical devant, cependant, être considérés.

 

 

Si vous avez un cochon d'inde femelle non stérilisée ou présentant des kystes, demandez à votre vétérinaire quelles sont les options adaptées pour votre boule de poils !

 


 

BIBLIOGRAPHIE :

1- HAWKINS MG, BISHOP CR. Disease problems of Guinea Pigs. In QUESENBERRY KF, CARPENTER JW.  Ferrets, Rabbits and Rodents Clinical medicine and surgery. 3rd ed. St Louis : Elsevier. 2012:295-310.

2- PILNY A. Ovarian Cystic Disease in Guinea Pigs. Vet Clin Exotic Anim. 2014;17:69-75.

3- KONDERT L, MAYER J. Reproductive medicine in Guinea Pigs, Chinchillas and Degus. Vet Clin Exotic Anim. 2017;20:609-628.

4- BEAN AD. Ovarian Cysts in the Guinea Pig (Cavia porcellus). Vet Clin Exotic Anim. 2013;16:757-776.

5- NIELSEN TD, HOLT S, RUELOKK ML, McEVOY FJ. Ovarian cysts in Guinea Pigs : influence of age and reproductive status on prevalence and size. J Small Anim Pract. 2003;44:257-260.

6- SCHUETZENHOFER G, GOERICKE-PESCH S, WEHREND A. Effects of deslorelin implants on avarian cysts in Guinea Pigs. Schweiz. Arch. Tierheilk. 2011;153(9):416-417.

7- HOCKER SE. Rodent oncology : Disease, diagnostics and therapeutics. Vet Clin Exotic Anim. 2017;20:111-134.