POURQUOI STÉRILISER MON FURET ?
Le motif avancé le plus fréquemment est la suppression de la mauvaise odeur du furet. Attention alors, à ne pas confondre l'odeur musquée normale du furet, et particulièrement forte en période de rut ou de chaleur, et l'odeur émise lors de la vidange des glandes anales.
- La première odeur est due à l'activité des glandes sébacées du furet, très actives au moment de la période de reproduction, ce qui explique également la couleur jaune plus au moins foncé du pelage et son aspect gras pendant cette saison. La stérilisation aura un impact sur cette production d'odeur.
- Le furet possède, comme de nombreux mammifères, des glandes anales. Il s'agit d'un moyen de défense que l'animal activera lorsqu'il se sent en danger. Un liquide à l'odeur très désagréable et tenace est alors émis. La stérilisation n'a aucun impact sur cette odeur là. Il est par ailleurs interdit par la loi de retirer chirurgicalement ces glandes (sauf nécessité médicale : tumeur, infection chronique...) afin de ne pas nuire au bien être de son animal (suppression d'un moyen de défense).
Remarque : La mauvaise odeur du furet peut également être due à un mauvais entretien de sa cage. En effet, le furet est un animal relativement propre mais un peu fénéant. Il faudra donc mettre plusieurs points litère dans sa cage (d'autant plus si la cage comporte des étages) pour éviter les "accidents", en préférant les litières de coin plutôt que les litières à chat classiques, car le furet aime bien se caler dans les coins pour se soulager. Un nettoyage des litières et des "dodos" plusieurs fois par semaine est aussi recommandé pour éviter les odeurs désagréables.
La stérilisation permet également de supprimer les comportements aggressifs ou de marquage liés à la période de rut ou de chaleurs. Attention! Cela ne veut pas dire que si votre furet à tendance à mordre en dehors de la saison de reproduction, que la stérilisation supprimera cette habitude!
Certaines conditions médicales peuvent aussi amener votre vétérinaire à vous conseiller la stérilisation (infection du tractus génital, tumeur...).
Enfin, chez la furette, la stérilisation est absolument indispensable si elle n'est pas mise à la reproduction. En effet, lorsque les chaleurs commencent chez la furette, elle ne sont interrompues que par l'accouplement ou en fin de saison de reproduction. En l'absence d'accouplement, les hormones sexuelles, et notamment des oestrogènes, sont sécrétées en permanence à des concentrations plus fortes et ce pendant plusieurs mois (hyperoestrogénisme). A terme, ces hormones empêchent la moëlle osseuse de fonctionner normalement, ce qui entraine une diminution puis un arrêt de la production de cellules sanguines. C'est l'aplasie médullaire. Les globules rouges et blancs ne sont alors plus remplacés et la furette peut mourir rapidement de son anémie. La stérilisation en l'absence de mise à la reproduction est alors une question de vie ou de mort chez la femelle!
QUELLES MÉTHODES PEUVENT ÊTRE PROPOSÉES ?
La plus connue est la méthode chirurgicale. Bien que ce soit celle recommandée chez les autres carnivores domestiques, ce n'est pas la plus adaptée au furet. En effet, depuis environ 30 ans, les chercheurs s'accordent à dire que la stérilisation chirurgicale du furet favoriserait le développement de la maladie surrénalienne, due dans la majorité des cas à une tumeur d'une ou des deux glandes surrénales. Il existe d'autres facteurs favorisants (génétique, durée d'éclairement dans le milieu de vie), mais le dérèglement hormonal secondaire à l'ablation des testicules et des ovaires est à l'origine du plus grand nombre de cas.
La sécrétion pulsatile de GnRH est à l'origine d'une sécrétion pulsatile de LH qui entre en jeu dans la production hormonale d'hormones sexuelles par les ovaires et les testicules (les gonades). Ces mêmes hormones sexuelles vont auto-réguler leur production en freinant la production de GnRH au niveau de l'hypothalamus.
Lorsque le furet est stérilisé chirurgicalement, le système de freinage de la sécrétion de GnRH est supprimé et le système s'emballe avec une augmentation progressive des quantité de GnRH et de LH eproduitent. Ces hormones vont aller stimuler des cellules de la glande surrénale qui ont la même origine embryonnaire que celle des gonades. A force de surstimulation, ces cellules peuvent, à terme, devenir cancéreuses.
Il est souvent rapporté que l'âge de la stérilisation joue un rôle, mais ce n'est pas le cas. En effet, jeune ou vieux, la maladie met en moyenne 3,5 ans à devenir clinique. Un furet stérilisé jeune aura donc plus de risques d'être encore en vie au moment où la maladie est visible cliniquement qu'un furet stérilisé après 6 ans, mais, dans les deux cas la maladie peut se développer. Il n'y a pas de chiffres clairement établis quant au risque de développement de cette maladie, mais certains vétérinaires parlent de 75% de cas où la maladie est diagnostiquée dans la population de furets stérilisés chirurgicalement. En théorie, cette maladie peut se développer chez les autres mammifères stérilisés chirurgicalement, mais dans la pratique elle est très rare.
L'alternative proposée à la stérilisation chirurgicale du furet est la méthode chimique. Plusieurs molécules (mélatonine, HcG, GnRH, leuprorélide...) ont été testées ces 30 dernières années mais l'implant de desloréline (SUPRELORIN®) s'avère être le plus pratique en terme d'utilisation et de durée d'action. Il est utilisé chez le mâle et la femelle hors AMM (Autorisation de Mise sur le Marché) en France mais possède une AMM sous sa forme 4,7 mg pour la stérilisation du furet mâle aux États-Unis.
Remarque : Aucune étude ne prouve actuellement que l'implant empêche complètement le développement de la maladie surrénalienne, cependant, aucun cas de maladie surrénalienne chez un furet stérilisé par implant n'est décrit dans la littérature.
La mise en place de cet implant est rapide et peut se faire sans anesthésie ou avec une légère sédation, ce qui représente un deuxième avantage par rapport à la stérilisation chirurgicale.
La desloréline contenue dans l'implant est une molécule analogue de la GnRH qui va être délivré de manière continu dans le sang, à la différence de la sécrétion de GnRH qui elle est pulsatile. La desloréline va prendre la place de la GnRH sur les récepteurs de l'hypophyse à l'origine de la production de LH. Ces récepteurs vont être saturés de manière continue par la desloréline et non plus pulsatile. En réponse, l'hypophyse va produire un pic unique de LH (à l'origine d'une exacerbation transitoire des signes de rut et de chaleurs durant 2 à 4 semaines suivant la pose de l'implant) avant que la production ne s'arrête pendant toute la période où la desloréline sera libérée dans le sang. Sans LH, les gonades ne produiront plus d'hormones.
Dans certains cas, la stérilisation chirurgicale du furet ne peut être évitée. Un implant peut alors être mis en parallèle afin de prévenir le développement d'une éventuelle maladie surrénalienne.
QUAND PROCÉDER À LA STÉRILISATION ?
Chez un mâle, cela peut être n'importe quand dans l'année même pendant le rut. Si l'on veut intervenir avant le début du rut, la stérilisation aura lieu courant décembre au plus tard.
Chez la femelle, il est conseillé d'agir avant le début des chaleurs afin d'éviter le développement d'une l'aplasie médullaire. On procèdera à la stérilisation avant le mois de février de préférence voir courant décembre dans le cas des premières chaleurs. Si les chaleurs ont déjà commencé, il est conseillé de poser l'implant le plus tôt possible dans les deux premières semaines. Au delà, si on prend en compte la période de stimulation des gonades suivant la pose de l'implant, il y a un risque d'installation de l'hyperoestrogénisme (les premiers signes d'aplasie peuvent apparaitre dès 4 semaines de chaleurs continues). Il est donc conseillé de déclencher les chaleurs au moment de la pose de l'implant avec une injection d'un autre agoniste de la GnRH (la leuproréline par exemple).
Remarque : Le risque d'aplasie médullaire augmente à chaque cycle. En effet, une furette aura moins de risque de développer une aplasie médullaire lors de ses premières chaleurs, même si elle n'est pas mise à la reproduction ou stérilisée, que lors des suivants. Mais le risque existe toujours! Donc, suivant le principe de précaution, la stérilisation est recommandée dès les premières chaleurs.
COMBIEN DE TEMPS L'IMPLANT EST-IL EFFICACE ? QUAND FAUT-IL LE REMPLACER ?
Il existe deux dosages pour l'implant de SUPRELORIN®. Le 4,7 mg agit en moyenne entre 1 et 2 ans et le 9,4 mg en moyenne entre 2 et 4 ans. Cependant, il existe une grande variabilité individuelle et il est impossible de l'anticiper.
Lorsque l'implant est utilisé pour la stérilisation, il peut être remplacer lorsque le précédent n'est plus actif : la réapparition des symptômes de rut et de chaleurs est donc à guetter.
L'hypertrophie (ou œdème) vulvaire est un symptôme flagrant du retour en chaleurs chez la furette
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